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Au pays de Lambert
30 janvier 2013

VU

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Pas mal de films intéressants, voire excellents, ces derniers temps : L’odyssée de Pi, Jack Reacher, The master, Django unchained… Et maintenant « Zero dark thirthy », de Kathryn Bigelow. Après s’être laissé damer le pion par les séries télé, bien plus inventives et réjouissantes ces dernières années, le cinéma US serait-il en train de reprendre du poil de la bête ?

ZDT se démarque en effet rapidement de séries telles que « Homeland » ou « 24 » par son traitement distancié. C’est un peu la méthode « Les hommes du président » (Alan J. Pakula, 1976) ou, dans une moindre mesure, « Zodiac » (David Fincher, 2007)  appliquée à la lutte anti-terroriste. Le focus est réglé sur l’investigation et rien d’autre, kaléidoscope de bonnes pistes, fausses pistes, écoutes, pseudos, marchandages, interrogatoires… Ces derniers ont fait couler beaucoup d’encre et pourtant, le moins qu’on puisse dire, c’est que la réalisatrice ne se mouille pas : elle montre, c’est tout. Les personnages ont un boulot à faire et ils le font. Idem pour le commando qui part en mission, à la fin : des espèces de supers plombiers qui iraient déboucher un gros réseau de canalisations. Des pros. Au spectateur de se positionner. Il n’y a pas de personnage « Jiminy Cricket » qui servirait de conscience morale à l’héroïne. Celle-ci est d’ailleurs très peu « charactérisée ». Pas besoin d’avoir recours à une ficelle telle que la schizophrénie ou un quelconque trauma d’enfance pour la faire exister. Aucun contre-champ sur l’adversaire, l’autre. Le point de vue est unilatéral, parti-pris qui, poussé jusqu’au bout de sa logique peut s’avérer d’une certaine manière anti-dramatique : l’héroïne sera simple spectatrice de la résolution, absente de l’action. Kassovitz s’était heurté au même problème dans « L’ordre et la morale », film où son personnage manquait une bonne partie de la confrontation finale, nous frustrant du même coup (au contraire d’un James Stewart qui s’arrachait à sa passivité forcée pour participer au climax de « Fenêtre sur cour »). Il n’en reste pas moins que l’assaut nocturne, filmé en temps réel, est redoutablement efficace. Mais froid, glaçant. À croire que l’angle du « docu-fiction » est le seul possible pour retranscrire des évènements pas encore digérés car trop récents (voir le formidable « Vol United 93 » de Paul Greengrass). Reste maintenant à écrire et fimer l’autre versant de l’histoire. À quand un film sur les derniers jours de Ben Laden qui serait l’équivalent de « La chute » (Olivier Hirshbiegel, 2004) ?

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