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Au pays de Lambert
21 mai 2009

Petit débat avec un internaute...

Reçu, il y a quelques semaines, le mail suivant :

Mr Lambert,

je viens de lire ce passionnant article sur les secrets de fabrications pour raconter une histoire dans le but d'aider les écrivains débutant.
Si ce que vous dites est vrai, je ne suis pas d'accord sur le fait que les débutants doivent lire Syd Field " SCENARIO" pour connaitre les règles de la dramaturgie.
Non pas que ce n'est pas passionnant mais je trouve son pardigme totalement idiot et fondé sur des constats de fabrications et non sur des secrets de fabrications. Là est toute la différence.
Son paradigme est un guide pour les looser qui ne connaissent vraiment rien en dramaturgie ( en gros j'ai eu l'impression d'avoir eu un guide touristique qui me montre les statues dans le musée avec ses méthode d'époque...). Alors bien sûr, ce dernier va vous faire tester son paradigme avec un film et vous vous apercevrez que c'est vrai ce qu'il dit. L'ennui c'est lui qui a façonné Hollywood que l'on connait actuellement via des réalisateurs mondialement connu comme vous citez : Georges Lucas, Steven Spielberg ou encore James Cameron.
Je pense qu'il serait plus judicieux pour l'apprenti dramaturge de savoir que chaque histoire soit en film, bd, roman...a sa propre structure et que ses points d'intrigues sont totalement ridicule dans le sens où l'on est pas du tout obligé de suivre à la lettre ses principes fondé sur une lecture de 2000 scénarios.
Personnellement, j'aurai plus conseillé à l'apprenti de se lancer sans connaitre les bases de la dramaturgie, à part justement qu'il doit connaitre le début et la fin de son histoire et d'écrire selon son inspiration et son imagination sans base de structure.
La structure-formule de Syd Field tout bonne soit-elle ( on assez d'exemple de films qui prouvent que cela fonctionne ) permet justement de sauver l'apprenti de la créativité débordante qu'il possède. Je trouve cela dommage.
Heureusement que vous n'avez pas parler de Robert Mckee qui est encore pire que Syd Field.
Ces gourous des scénarios déboussolent complètement l'apprenti écrivain et je conseil souvent de les lire mais de les oublier aussitôt.

Je vous donne un lien sur mon blog à propos du sujet sur les structures de scénario que je vous invite à lire : http://moongazeginji.blogspot.com/2009/04/les-gourous-des-scenarios-americains.html

Venez-y vous êtes la bienvenue.

Cordialement,

Anthony KLOPFFER.

Hum, bon, par où commencer ?

Tout d’abord, je ne comprends pas trop l’opposition faite entre « secret » et « constat ». Les dits-« secrets » se fondent en effet sur un « constat », à savoir l’examen et l’analyse d’œuvres déjà existantes pour essayer d’en extraire une méthodologie. Les deux notions ne me paraissent pas contradictoires.

Ensuite : oui, le modèle Syd Field a forgé la production hollywoodienne de ces 30 dernières années… mais on retrouve sa structure dans un nombre tout aussi considérable d’œuvres antérieures aux seventies (Dumas, Hergé, Jacobs, Vernes ou Verne, etc.).

Cette structure en trois actes fonctionne très bien avec des récits d’aventures divertissants, ou en tous cas se voulant comme tels. Ni plus ni moins. C’est un filet de sécurité. Un chausson dans lequel l’esprit de votre lecteur/spectateur se glissera confortablement. Vous pouvez avoir envie d’expérimenter autre chose, de secouer, heurter, destabiliser votre public, il n’y a aucun souci. Vous avez le droit d’écrire un acte 1 (l’exposition) très long et un acte 3 (la résolution) très court, ou l’inverse, mais vous vous écarterez d’une espèce de « voie royale », d’efficacité en matière « d’aventure divertissante ». Le seigneur des anneaux de Tolkien, par exemple, transgresse toutes les règles. Le début est anormalement long, de même que l’épilogue. Et c’est l’un de mes livres préférés… mais je pourrais difficilement le qualifier de « divertissement fun et – ou – efficace ». Il faut vraiment fournir un effort pour rentrer dedans. Une chose est sûre : une structure carrée ne fait pas tout. Sans personnages intéressants, sans thèmes, sans univers, bref sans idées, votre structure, censée être endosquelette, deviendra exosquelette, c'est-à-dire une suite transparente de figures imposées routinières et prévisibles. Voyez la différence entre un film Pixar type « Toy Story » ou « Monstres et C° » et, disons, un blockbuster bourrin type « Armageddon ».

Les conseils des gourous du scénario, d’une manière plus générale... Faut-il oui ou non les utiliser ? Sincèrement, chacun fait ce qu’il veut. Je n’ai aucun manuel à vous vendre. Je ne fais pas mon beurre avec ça. Personnellement, j’ai trouvé des choses utiles chez Syd Field (la structure), John Truby (les notions de « self revelation » et « moral choice »), Black Snyder (la manière dont il décompose l’acte II en différentes sous parties,« fun and games » et « all is lost moments », par exemple) et Christopher Vogler (les archétypes à la Joseph Campbell). Il y a également dans TOUS ces bouquins des trucs qui m’agacent prodigieusement. Je pioche, je picore selon mes besoins. J’insiste sur le « selon mes besoins » ! L’écriture d’une histoire est un processus long et complexe. On se trouve souvent en proie au doute ou dans une impasse. Que faire alors ? Demander l’avis de son directeur de collection préféré, d’un proche, d’un internaute qui fréquente votre blog ? Pourquoi pas. On peut aussi ouvrir les manuels précités et les feuilleter. C’est une manière de réexaminer son travail avec un éclairage extérieur. Cela peut débloquer des choses. On a bien sûr le droit de ne pas tenir compte des recommandations émises par ces gourous. Je ne m’en prive pas. En cas de « litige », je tranche toujours en ma faveur. Mais il est intéressant, je crois, de transgresser les règles (si tant est que l’on puisse parler de règles dans la pratique d’un art qui n’a rien d’une science exacte) en connaissance de cause. De cette manière, je ne sens pas prisonnier d’un modèle, mais épaulé par lui…

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Commentaires
M
...qui n'en est pas vraiment un.<br /> Pour transgresser, il faut d'abord connaître les limites, les cadres, les règles. On se les approprie, on apprend déjà à les utiliser correctement et après, si on peut, on met un coup de pied dans la fourmilière.<br /> Après, comme tu le dis Chris, cela dépend de ce que l'on cherche comme effet. Copier à tout prix peut être payant (genre écrire une histoire de petit sorcier dans une école sur une île en changeant les données apparentes) mais pas forcément à long terme et ne satisfait pas forcément l'auteur.<br /> Il faut écrire avec ses tripes, certes, mais après des pas, des trots et des galops d'essais sur une structure carrée.<br /> J'en fais l'expérience en ce moment : me croire capable de faire du génial dans tous les sens et en m'apercevant qu'il serait déjà bien que j'applique bien les bases pour avoir déjà un bouquin efficace et plaisant.<br /> MAis après, comme dirait le philosophe : "Chacun fait, fait, fait, ce qui lui plaît, plaît, plaît..."
Au pays de Lambert
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