Séances de rattrapage

OPERATION WALKYRIE, de Bryan Singer

Mission impossible chez les nazis, pourrait-on dire, puisqu’il s’agit du récit détaillé de l’attentat du 20 juillet 44 qui faillit coûter la vie à Hitler. Si l’opération en question s’avère ratée, le film, lui, est en revanche loin d’être inintéressant. La mécanique du complot y est méticuleusement disséquée, notamment dans sa seconde partie, lorsque tout se met à aller de travers (cafouillage des communications, etc.). L’ensemble est impreccablement joué et filmé : sobre, efficace. On regrettera par contre deux choses : les motivations des conjurés restent assez flous. Ils veulent tuer « le monstre », ok, mais pour mettre qui à la place ? Beck (impérial Terence Stamp) ? D’accord. Mais quel est son programme ? On saura bien peu de choses de cette caste de rebelles issus de la noblesse chrétienne ? Voulaient-ils rendre à l’Allemagne ses anciennes frontières ? Et quid de l’holocauste juif (pas un point de détail, vous en conviendrez avec moi) ? Flou artistique, là encore. Deuxième « problème » : le héros est dès le départ convaincu de la justesse de sa cause et n’en démord pas. Aucune évolution. Aucune courbe. Aucune « self revelation » pour reprendre une terminologie Trubiesque. Historiquement correct, mais dramatiquement dommage, car cela nous donne un personnage principal et des seconds rôles assez monolithiques… Le mérite du film, comme tout bon spectacle « vulgarisateur », est qu’il donne envie d’en savoir davantage sur l’évènement traité. Déjà pas si mal !

GRAN TORINO

Dans la famille « dinosaures », je voudrais le tricératops (mon dino préféré, je précise). Sacré Clint… Bon, on l’a connu plus inspiré, plus fin (chaque info est martelée au burin, dans les dialogues, en début de film : le héros EST raciste, son jeune voisin EST une femmelette, etc.) mais, bon, Clint c’est Clint. Il est sans doute le dernier réalisateur digne de ce nom à filmer des histoires classiques de manière classique, démarche qui, personnellement, m’inspire beaucoup de sympathie. On a un peu l’impression de voir un remake de « Million dollar baby » (jeune chiot opiniâtre, mentor dur mais correct) en moins bien mais ça reste quand même plaisant à regarder (excellentes scènes où Eastwood essaie de « viriliser » son disciple). Et puis j’aime bien le dernier plan et le générique triste qui va avec…

Donc la ballade vaut le coup, en définitive :-)

Comments

[Mike]

j'ai bien aimé les 2. Le côté monolithique me convenait très bien dans l'action donnée. Et puis c'est quand même foutrement bien mis en scène. On se prêterait presque à croire qu'ils vont réussir ;-)
Et pour Gran Torino, même le côté rentre dedans est mis en berne par la présence du Clint. C'est du bon, le bonhomme !

[Manu]

On manque trop souvent de dire que certaines scènes de Gran Torino font preuve de beaucoup d'humour. N'empêche, Dirty Harry a pris un sacré coup de vieux.